Et ma vie intime ?

Le diagnostic s’accompagne d’une pluie d’informations alors que certains sujets sont passés sous silence… c’est souvent le cas pour la sexualité. Pourtant, les impacts du cancer et des traitements sur la vie intime et sexuelle ne sont pas rares.

Dans ce chapitre, nous aborderons les changements possibles en matière de sexualité mais aussi des idées à tester afin de vous aider, nous l’espérons, à retrouver un rapport apaisé à votre corps et à votre intimité, seule ou à deux !

Impacts & solutions

De nombreux impacts sur l’intimité…

Les cancers pelviens, de par leur localisation ainsi que par les symptômes qui les font découvrir (saignements, pertes malodorantes, masse ressentie) sont un premier traumatisme possible pour l’intimité.

Le parcours de soins dans lequel on s’engage ensuite en est un autre.

En effet, les multiples examens médicaux de cette zone intime, les prélèvements, examens de radiologie, peuvent mettre à mal la pudeur et donner l’impression d’être « dépossédée » de cette partie de son corps. De plus, les traitements et notamment la curiethérapie peuvent être impressionnants et mal vécus.

Enfin, quand les traitements se terminent, les traces plus ou moins visibles laissées peuvent terminer d’abimer l’intimité. En effet, outre le ressenti psychologique, le ressenti physique peut aussi être modifié : baisse des sensations, moins bonne lubrification, modifications anatomiques, douleurs…

A cela s’ajoute le diagnostic de cancer et les peurs qui s’y associent.

  • Pour les femmes célibataires, cela peut interroger le rapport à soi et à son intimité et questionner le rapport à l’autre (quelle posture adopter ? dois-je parler de ma maladie ? quand ? comment cela va-t-il se passer ?).
  • Pour les femmes en couple, l’équilibre et la dynamique de celui-ci peuvent se voir bousculés par la maladie et ainsi mener à des difficultés à maintenir une intimité plaisante.

Heureusement ces difficultés ne sont pas systématiques. De nombreuses femmes et couples surmontent cette épreuve en conservant une sexualité épanouie et en s’adaptant aux différentes étapes de traitement puis de cicatrisation.

D’accord, mais…y’a-t-il des solutions ?

Lorsque des difficultés surviennent, elles sont la plupart du temps sans gravité et transitoires ou peuvent être traitées simplement.  Certaines séquelles vont perdurer dans le temps et des ajustements vont être nécessaires pour trouver des solutions et maintenir une sexualité épanouie avec ce nouveau corps.

Il est important de garder en tête quelques notions fondamentales :

• La sexualité n’a pas de norme, chacune (et chaque couple) a les pratiques qu’elle souhaite, au rythme qu’elle désire et si elle en a envie !

• La sexualité avant et après cancer se voit souvent modifiée pour de multiples raisons. Ces changements ne sont pas problématiques s’ils ne créent pas de souffrance, de manque ou de difficultés. Néanmoins, la survenue de douleurs, la perte de plaisir ou de désir, s’ils durent et impactent votre qualité de vie, sont une bonne raison de consulter et d’en parler.
Vous n’êtes pas seule !

• L’important est de maintenir ou de retrouver une sexualité AGRÉABLE, qui convienne à chacun.e.

• NB : On a aussi le droit de ne pas avoir de sexualité !! Pas de problème si c’est okay pour vous (et votre partenaire) !

La sexualité pas à pas

Après un cancer, apprendre à se réapproprier son corps est une étape importante. Identifier les zones agréables, celles qui le sont moins, ce qui peut procurer du plaisir ou non est une première étape pour se connaître et pouvoir guider l’autre. Cela peut se faire seule puis en incluant son.sa partenaire ! 
Pour cela nous vous proposons plusieurs étapes, pour (re)découvrir votre sexualité, pas à pas…

En parler

Célibataire

Si vous êtes célibataire, votre besoin de vous exprimer au sujet de votre intimité et/ou de votre sexualité n’est pas moins important. Identifiez une personne de confiance avec qui vous pourrez échanger librement et de façon bienveillante sur le sujet.

Des équipes de soins de supports existent peut-être dans votre structure de soins, n’hésitez pas à vous renseigner. Autrement, votre médecin pourra peut-être vous proposer ce type de support en ville.

En couple

Les traitements peuvent avoir un impact physique et psychologique et il n’est pas rare que des changements s’opèrent dans l’intimité. En effet, le cancer et les traitements sont une épreuve pour vous mais aussi pour votre partenaire et cela peut perturber la dynamique de votre couple et de votre intimité.

Vous pouvez vous sentir gênée par le regard de l’autre, par le fait d’être touchée, vous sentir honteuse ou coupable de ne plus ressentir autant de désir ou de plaisir. Ces sentiments ne sont pas rares ni anormaux. Votre partenaire aura probablement aussi des craintes, des appréhensions, des questions… Communiquer est une étape primordiale pour les surmonter.

L’important est de préserver un espace de complicité fait d’écoute, de confiance et de bienveillance où vous pouvez partager votre ressenti et mettre des mots sur vos difficultés, angoisses ou envies. VOUS ETES UNE ÉQUIPE !

Le couple, ce n’est pas que la sexualité, la parentalité… les moments à deux sont importants, autour d’une balade, d’une activité, d’un ciné, d’un restau, d’un WE en amoureux…
Il est important de rappeler que désir sexuel n’est pas synonyme de désir amoureux.
Cela peut être malheureusement interprété ainsi dans un couple : « tu n’as plus envie de moi ? je ne te plais plus ? tu ne m’aimes plus ? » sont des questions qui se posent fréquemment.
Et pourtant, ces deux désirs sont différents : on peut être fou amoureux de son/sa partenaire sans avoir d’envie sexuelle et on peut être très attiré par un.e inconnu.e pour le/laquel.le on n’éprouve aucun sentiment !!

Des professionnel.le.s formés en sexologie (psychologues, médecins, kiné, sage-femmes…) sauront vous écouter et vous conseiller. Il n’y a pas de question bête et vous êtes nombreuses à ressentir les mêmes inquiétudes. Toutes vos interrogations sont légitimes et comprendre la situation vous permettra sûrement de mieux la maîtriser.

Voici quelques exemples de questions récurrentes :

Ai-je le droit d’avoir des rapports ?
Est-ce qu’il y a un risque pour mon/ma conjoint(e) ?
Les traitements vont-ils entrainer une baisse de mon désir ?
Vais- je avoir des douleurs pendant les rapports sexuels ?
Pourrais-je encore ressentir du plaisir ou avoir des orgasmes ?


Voici quelques sites qui pourraient vous aider à trouver un sexologue près de chez vous :

https://www.trouverunsexologue.fr
https://www.santesexuelle.org
https://snms.org/doctors/
https://www.snsc.fr/trouver-un-sexologue
https://aius.fr/carte-interactive/

Renseignez-vous auprès de votre équipe de soin, certains centres proposent des consultations seule ou en couple avec des sexologues, des personnels formés ou sensibilisés à la santé sexuelle ou encore des programmes d’éducation thérapeutique en santé sexuelle. Votre hôpital peut aussi vous proposer l'accès à une consultation avec une socio esthéticienne ; elle saura vous guider pour vous réapproprier votre image corporelle et votre estime de vous.

Connaître son anatomie

Les organes génitaux externes ne se limitent pas à la partie visible à l’extérieur.

Pour un rappel sur l’anatomie du clitoris et de la vulve, rendez-vous sur notre page « Anatomie ». 


Le clitoris est le champion de l’orgasme. Avec ses milliers de terminaisons nerveuses, c’est le seul organe uniquement dédié au plaisir féminin (comme le gland du pénis chez l’homme !). C’est aussi lui le responsable de 100% des orgasmes féminins : il peut être stimulé de façon externe via la vulve ou de façon interne via le vagin. Il n’y a donc pas d’orgasmes « vaginaux ou clitoridiens », ils viennent tous du clitoris mais stimulé à des endroits différents !

Dessin du clitoris 3D

Le saviez-vous ?

D’ailleurs, les zones érogènes ne se limitent pas au clitoris. Les bras, le cou, les fesses, les seins, les hanches...Chaque femme (et chaque homme !) a ses propres zones sensibles et il est important de trouver les vôtres ! Bien que les traitements aient pu impacter votre pelvis, vous pourriez être surprise de découvrir toutes les zones pouvant provoquer du plaisir et de l’excitation !

Se (re)découvrir

Regarder son corps ou certaines parties de son corps nu.es (ou déjà avec des sous-vêtements), toucher, caresser, explorer sont aussi des étapes qui peuvent aider à (re)gagner en confiance et faciliter ensuite les rapports avec un.e partenaire.

Il est aussi possible d’avoir recours à des accessoires comme des plumes, des bandeaux afin de varier les contacts possibles et d’éveiller tous les sens.

La masturbation (ou auto-érotisme) est un espace intime et sécurisant, où l’on peut laisser libre cours à son imaginaire. Le meilleur moyen de savoir quelles zones font le plus d’effet et par quel(s) mouvement(s), c’est d’essayer ! Cela permet aussi de pouvoir guider l’autre quand on sait ce qui nous procure du plaisir !

Il existe des sites internet et des livres illustrés exposant des techniques pour prendre et donner du plaisir. Des podcasts sensuels et/ou érotiques peuvent accompagner votre découverte et créer un climat propice au lâcher prise et aux fantasmes.  Vous trouverez quelques exemples dans l’onglet Ressources.

De même, des sextoys dédiés au clitoris (pour des stimulations internes ou externes) peuvent aussi permettre de s’explorer et de découvrir de nouvelles sensations. Il en existe de nombreux modèles aux fonctionnalités variées : vibration, aspiration, air pulsé... Ils se trouvent facilement sur internet ou dans des boutiques ayant pignon sur rue.

Accepter

Sensations modifiées, désir moins intense, corps réagissant différemment, douleurs ; ces modifications sont fréquentes mais ne sont ni systématiques ni une fatalité.
L’acceptation de tous ces changements est délicate, parfois longue mais c’est une étape clé pour ensuite s’adapter et (re)découvrir une sexualité satisfaisante. La communication avec votre partenaire sera un ingrédient incontournable de cette nouvelle intimité.

Parfois les troubles découverts ou exacerbés au décours de votre traitement ou maladie peuvent être l’occasion de faire le point sur des problématiques sexologiques ou de couple préexistantes... profitez-en pour en parler si cela vous semble important.

Imaginer : des fantasmes au désir

Le désir est capricieux et aléatoire. En effet, on n’a pas envie de faire l’amour tous les jours et encore moins de façon coordonnée avec le désir de son/sa partenaire ! Selon les étapes et évènements de vie, de nombreuses périodes sont ponctuées d’un désir fluctuant ou moins important : fatigue, hiver, travail prenant, conflits, deuil, enfants à gérer… Alors si l’on ajoute la survenue du cancer, ses traitements et leurs effets indésirables…

Ainsi, cela peut être simple : parfois c’est le moment (et on en a envie !) et parfois… ça ne l’est pas.

Il est tout à fait normal au cours ou après votre parcours de soin, d’avoir une baisse de désir sexuel réactionnelle. Celle-ci n’est embêtante que si elle persiste et seulement si elle vous pose problème.  

Si toutefois cela vous préoccupe, pas de panique : il existe de nombreux moyens pour (r)éveiller vos envies. La baisse de désir n’est pas irréversible et il faut savoir s’armer de patience et travailler en équipe (pour les couples).

Votre imagination : un bon coup de pouce

Le désir ne disparaît pas pour toujours.
Il peut être stimulé et réveillé.
L’imaginaire
est souvent un très bon allié pour retrouver le chemin du désir. Laisser libre cours à son imagination, s’aider d’un podcast ou d’un livre érotique… aucune pensée n’est interdite (tout est permis dans votre tête !!) et vos fantasmes nourrissent votre désir.
En assumant vos pensées, vous reprendrez progressivement confiance en vous.
S’imaginer avoir des rapports dans un lieu insolite, à deux ou à plus, avec un.e inconnu.e… ou une personnes connue ! Il n’y a pas de limite à ses fantasmes et ces images érotiques de l’ordre de l’imaginaire sont justement les bienvenues pour recréer du désir.

Pour accueillir ces fantasmes, vous pouvez vous mettre dans une ambiance confortable et intime (où vous ne serez pas dérangée). Pour éveiller vos sens, vous pouvez par exemple mettre de la musique, une lumière tamisée, des bougies, et vous caresser. Essayez de repérer quels sens sont les plus susceptibles d’éveiller votre plaisir et… votre désir de recommencer !
Une femme n’ayant pas subi de cancer ou d’épreuve comme la vôtre, voit aussi sa sexualité se modifier tout au long de sa vie. Les étapes de la vie, les éventuels accouchements, les hormones, l’âge et toutes les modifications corporelles amènent chacun/chacune à devoir se réinventer et s’adapter dans sa sexualité.

Pour que ce désir revienne, il faut lui laisser de la place.
La sexualité n’est malheureusement pas prioritaire dans le quotidien et arrive souvent en bas d’une longue liste de taches : travail, enfants, courses, ménage, repas… et peut-être, s’il reste quelques minutes avant de dormir, un peu de sexe.
Mais dans quelles conditions ? Vite fait – bien fait ? Parce qu’il est tard et qu’on est épuisée ? Ce n’est pas le meilleur moyen de prendre un temps de qualité pour se détendre, se toucher, s’exciter, prendre et donner du plaisir…

Recréer des moments où on a le temps, l’énergie, l’envie est un conseil que nous vous donnons : petit déjeuner au lit, séance de câlins, sieste coquine, massage, douche à 2… et puis… pourquoi toujours dans un lit ?

En effet, tout comme on n’aime pas manger la même chose à tous les repas, on apprécie que les scriptes sexuels puissent varier et se renouveler.

Du désir au plaisir

  • Quand vous avez l’impression que l’envie renaît, n’hésitez pas à retrouver une activité sexuelle seule pour retrouver de la confiance et stimuler ces envies et votre imaginaire. La communication sera ensuite la clé pour avancer. Après une période avec moins de sexualité, votre partenaire peut aussi être bousculé.e et tous deux devez apprendre à vous « ré-apprivoiser ».
  • C’est un peu comme avoir perdu un mode d’emploi : les pièces sont présentes mais il faut savoir les assembler pour refaire tourner la machine ! Identifiez les choses qui vous font du bien seule, guidez votre partenaire avec des gestes ou des paroles. Vous pouvez éventuellement lui parler de vos fantasmes et de ce qui vous stimule, si vous le souhaitez. Mais vous pouvez aussi garder votre jardin secret car vos pensées vous appartiennent. Lors des premières tentatives vous pouvez vous sentir maladroits et il peut y avoir de petits loupés. Ce n’est pas grave, au contraire ! Discutez-en pour faire différemment la prochaine fois !
  • Plaisir ne veut pas dire pénétration. Beaucoup pensent encore aujourd’hui qu’un rapport sexuel est forcément associé à la pénétration vaginale. Or cette pratique est celle qui provoque souvent le plus d’appréhension après les traitements. Pourquoi ne pas commencer par toucher, embrasser, câliner, caresser, lécher, sucer, mordiller ? Et pourquoi pas même garder une sexualité non pénétrante si cela vous convient ? L’important est de rester satisfait.e et de garder du plaisir !
Si vous avez envie de reprendre une sexualité pénétrante (après autorisation du médecin), n’hésitez pas à utiliser des lubrifiants mais aussi une bonne hydratation vulvaire quotidienne. Et pourquoi pas utiliser les dilatateurs vaginaux qui vous ont peut-être été prescrits ou des sextoys, de différents calibres. Ils peuvent être un bon moyen pour vous et votre partenaire de ré-initier cette pratique tout en reprenant progressivement confiance.

• Pour plus d'info sur les lubrifiants, rendez vous sur notre page Traitements locaux hydratants, rubrique Lubrifiants !

• Pour plus d'info sur l'utilisation des dilatateurs, rendez vous sur notre page Rééducation,  auto-massages et dilatateurs vaginaux !
S’il y a reprise de la pénétration, essayez de favoriser les positions où vous êtes au-dessus ou sur le côté. Cela permet de mieux contrôler la vitesse et la profondeur du rapport et de diminuer l’appréhension et les douleurs.

Du plaisir à … ?

Dans la continuité du rapport sexuel sans pénétration, il peut y avoir des rapports sexuels sans orgasme. Et oui, l’imaginaire collectif associe la finalité du rapport sexuel à l’orgasme, mais qui a dit qu’on ne pouvait pas prendre de plaisir sans jouir ? Le chemin est souvent tout aussi intéressant que l’arrivée !

Libérez-vous de cette pression qui peut provoquer une frustration voire un sentiment d’échec ? Prendre du temps pour soi ou à deux, retrouver des sensations agréables et du plaisir peut être tout aussi intense et satisfaisant que l’orgasme en tant que tel.

Ce qu’il faut retenir finalement c’est que : 

  • Votre sexualité vous appartient, à vous et votre éventuel.le partenaire
  • Aucune règle ne doit dicter votre imaginaire et vos fantasmes
  • Il n’y a pas de honte à ne pas avoir de pénétration ou d’orgasme
  • Il faut souvent être patient.e et aussi savoir se ré-inventer
Libérez-vous !

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